Françoise Tenenbaum, Présidente de la section de Dijon de la Licra
Salman Rushdie gît encore à ce jour sur son lit d’hôpital, entre la vie et la mort, ayant, d’après ce que l’on croit savoir, perdu un œil et l’usage d’un bras, gravement blessé au foie. Les motivations de son agresseur restent incertaines, mais d’ores et déjà on peut alléguer la bêtise, le fanatisme, le mépris de la vie ; et très vraisemblablement la présence de cette « fatwa » de 1989, qui entraîne des esprits faibles à commettre des actes irréversibles.
Cet acte insensé, au-delà du fait qu’il a attenté à la vie d’un homme, conforte l’opinion devenue courante d’un islam fanatique, il prend en otages tous ceux qui voudraient défendre l’idée qu’une religion est un facteur de civilisation, de « paix sur la terre aux hommes de bonne volonté ». Il représente ainsi un facteur de violence supplémentaire dans un monde déjà ravagé, et où le crime contre l’humanité, dont celui qui s’accomplit sous nos yeux en Ukraine, fait chaque jour désespérer de l’humanité.
C’est contre tout cela d’ailleurs que Salman Rushdie, qui s’engageait pour l’Ukraine, se battait, par l’œuvre grandiose de son écriture, et – espérons-le – pourra continuer à se battre. C’est cela qu’il incarne.
La meilleure chose que nous puissions faire aujourd’hui, de là où, les uns et les autres, nous sommes, c’est de répondre à son appel et de lire. Lire contre l’obscurantisme, lire contre la méchanceté et la barbarie. Lire contre la mort. Lire pour maintenir vive la flamme de la civilisation dont chacun porte une étincelle et a la possibilité d’empêcher qu’elle ne s’éteigne.
Aujourd’hui, pour répondre à l’horrible attentat contre Salman Rushdie, au nom de la Licra que je représente à Dijon, je le suggère avec et après d’autres, je le demande : lisons, faisons lire, Les Versets sataniques ainsi que l’ensemble de l’œuvre si exemplaire de Salman Rushdie.