Alain Barbanel, journaliste
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Les médias français, haut lieu du racisme systémique ? Après l’université, les sciences sociales et politiques, voilà que le militantisme racialiste s’attaque aux métiers de l’information. L’AJAR (Association des journalistes antiracistes et racisé.e.s), fondée par deux journalistes, l’un de France 24 et Infomigrants, l’autre de Mediapart, regroupe 170 professionnels tous médias confondus soutenus par des têtes d’affiche dont Rokhaya Diallo ou le producteur Sébastien Folin. Une initiative qui fédère également le SNJ (Syndicat national du journalisme) et le SNJ-CGT. Objectif affiché : s’attaquer au racisme dans le journalisme qui, comme chacun sait, est le haut lieu du « privilège blanc » et des discriminations « ethno-raciales » ! « Les rédactions, de gauche comme de droite, restent en grande majorité blanches, notamment aux postes à responsabilités », revendiquent les signataires. Et d’ajouter : « Les dynamiques racistes méritent une attention sérieuse et une couverture médiatique exigeante. Cela passe aussi par le recrutement de personnes racisées et pas uniquement celles issues des milieux les plus favorisés. » Le ton est donné. Avis aux rédacteurs en chef : ce ne sera plus le talent ou la compétence qui devra motiver les choix de recrutement, mais la couleur de peau, l’« origine » et, pourquoi pas, la religion.
Ni juges, ni avocats, ni donneurs de leçons
Cette approche déroge aux règles fondamentales qui encadrent ce métier. Elles sont pourtant simples : peu importe qui vous êtes et d’où vous venez, l’objectif est de rapporter les faits, rien que les faits, en confrontant ses sources et en respectant le principe de la hiérarchisation de l’information. La vérité n’a pas de couleur. Les journalistes ne sont ni des juges, ni des avocats et encore moins des donneurs de leçon. Comme le disait le fondateur du Monde Hubert Beuve-Méry, « le journalisme, c’est le contact et la distance » et certainement pas une posture idéologique sectaire, cette « grande catapulte » que dénonçait Balzac « mise en mouvement par de petites haines ».
Restons vigilants et défendons notre métier pour de vraies raisons, en refusant ces passions tristes qui attisent les divisions et réactualisent la lutte des « races ».
Si l’obsession identitaire s’invite aujourd’hui dans nos rédactions, portée par ceux-là même qui se croient aptes à décerner des brevets de légitimité, sur la stricte base de vos traits physiques, qu’adviendra-t-il de notre profession ? Devra-t-elle s’autocensurer en permanence en se flagellant et filtrer ce qu’il faut dire ou ne pas dire pour ne pas froisser telle ou telle minorité supposée victime, à l’image du New York Times qui a conçu un bréviaire de mots à utiliser et ceux à bannir à l’usage de ses jeunes recrues, et en renonçant à publier des caricatures dans ses colonnes ?
Une unique obsession : éclairer
Le journalisme n’a ni « race » ni origine ; ses valeurs doivent puiser dans l’universalisme les racines de sa déontologie. Et pas plus qu’il y a un supposé racisme d’État, les médias français ne pratiquent l’apartheid. Leurs personnels et invités sont soumis aux lois de la République et sont rappelés à l’ordre, sinon attaqués en justice, lorsqu’ils « dérapent ».
Non, la presse n’est pas le lieu du « privilège blanc », cette construction idéologique prônée par les forcenés de l’identité et de la « race sociale ». Elle est, dans une authentique démocratie, diverse, indépendante et multiculturelle. D’un bout à l’autre de l’échiquier des sensibilités politiques, elle offre une pluralité d’idées et de contributions qui font encore la fierté de notre démocratie. Ceux qui prétendent le contraire observent les relations sociales par le petit bout de la lorgnette, persuadés que la couleur de l’épiderme est une clé de lecture en tout. Cet ordre nouveau, qu’ils revendiquent, est en fait celui d’une censure, autoritaire et fantasmagorique. Ce n’est pas notre conception de la profession.
Notre métier est en proie à beaucoup de difficultés et de remises en cause qui nous semblent être des priorités plus réelles que le supposé racisme systémique qui frapperait le secteur : les fake news, terreau du conspirationnisme, la tyrannie des petits messages haineux, les lynchages médiatiques qui piétinent la présomption d’innocence, la déferlante des réseaux sociaux où le relativisme est la règle promue par des « journalistes » autoproclamés et des influenceurs experts en tout et surtout en rien…
Restons vigilants, défendons notre métier pour de vraies raisons, en refusant ces passions tristes qui attisent les divisions et réactualisent la lutte des « races ». Dénonçons le racisme, l’antisémitisme et les discriminations en toutes circonstances, mais fuyons les visions totalitaires et complotistes. Et que la volonté d’éclairer, sans manipulation ou biais, demeure notre unique obsession.
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