Alain Barbanel, journaliste
Pitoyable… mais ce mot est-il assez fort en pareilles circonstances ? Cette attitude qui n’est pas isolée quand il s’agit d’Israël ou d’un acte antisémite en France, fait encore recette en France au sein de la gauche radicale et de ses admirateurs toujours prompts à hiérarchiser les victimes selon leurs pays ou leurs origines, comme s’il y avait de bonnes et de mauvaises victimes. Ceux-là même aussi qui ont su se distinguer avec indécence à propos du débat sur les caricatures lors des attentats de Charlie Hebdo ou de l’assassinat de Samuel Paty. Cette fois encore, son porte-drapeau, Jean-Luc Mélenchon, a porté le coup : « Toute la violence déchainée contre Israël et à Gaza ne prouve qu’une chose : la violence ne produit et ne reproduit qu’elle même. » Au moment où le recueillement et la compassion s’imposent, le leader de la France Insoumise choisit de renvoyer dos à dos une organisation terroriste et reconnue comme telle par la communauté internationale, qui s’attaque lâchement à des civils désarmés, et un État démocratique où toutes les opinions s’expriment, dans les rues ou dans les urnes, à la Knesset, de l’extrême gauche à l’extrême droite religieuse.
L’indifférence du Hamas au sort des Palestiniens
Qu’on soit en accord ou en désaccord avec l’État hébreu sur la question palestinienne, la question n’est pas de surenchérir dans la rhétorique et la sémantique pour savoir qui est responsable et de quoi. Il y a un temps pour tout. Et en matière de conflit, quand on respecte l’Histoire et qu’on ne caresse pas le révisionnisme, l’agresseur n’est pas l’agressé et inversement. Il revient d’abord au peuple israélien de s’interroger sur les manquements de la politique sécuritaire basée sur le renseignement pourtant considéré comme le plus performant de la planète et sur le fait d’avoir, comme en 1973, année symbolique de la guerre du Kippour, sous-estimé l’ennemi à ce point.
Si le soutien au terrorisme, même indirect, comme le racisme, n’est pas une opinion mais un délit, alors oui, il faut trainer devant les tribunaux ces ambassadeurs de la haine, et les sanctionner comme il se doit.
Il ne peut y avoir de relativisme avec une organisation terroriste. Comme tous les franchisés du jihad mondial, le Hamas est une organisation meurtrière, fanatique, revendiquant d’avoir été porté au pouvoir par le peuple, qui sème la terreur à l’extérieur mais aussi à l’intérieur de la bande de Gaza, en éliminant tous ses opposants notamment ceux de l’ex-autorité palestinienne représentée symboliquement par Mahmoud Abbas, président de pacotille d’une autorité laminée. Le Hamas ne se soucie pas du sort des Palestiniens mais est une organisation corrompue, qui enrichit ses chefs, qui empochent au passage les aides internationales et les enveloppes du Qatar. Comme la plupart de ces armées de la terreur, son pouvoir se nourrit du chaos du monde et des rivalités.
Justifier le terrorisme
Une fois passée la sidération de l’attaque, les observateurs insisteront, si ce n’est pas déjà le cas, sur la concordance du calendrier entre l’attaque et la poursuite des négociations, qui devaient avoir lieu cette semaine entre Israël et l’Arabie saoudite dans le cadre de l’accord Abraham qui a déjà permis de normaliser les relations avec l’État hébreu, les Émirats arabes unis, Bahreïn mais aussi avec le Soudan et le Maroc. Un accord de paix qui menace l’avenir du Hamas, encouragé par l’Iran pour le torpiller. Que restera-il en effet comme allié à cette organisation terroriste si la paix est assuré dans cette région, à l’exception du Hezbollah iranien ? De ce point de vue, et après les représailles d’Israël sur la bande de Gaza entrainant forcément de très nombreuses victimes palestiniennes, l’état-major se terrant dans les fondations des écoles et des hôpitaux servant de boucliers humains, le Hamas risque d’arriver à ses fins.
Il n’y a encore que la gauche radicale et quelques communistes, pour justifier par un étrange tour de passe-passe relevant de la pathologie, ce terrorisme mortifère sous couvert de la défense d’une cause ! Le parti trotskiste dirigé par Philippe Poutou, candidat infatigable à la présidentielle, ne cherche même pas à faire semblant en situant cette attaque « du côté de la résistance » dans un communiqué rappelant le soutien du NPA « aux PalestiniensNEs et aux moyens de luttes qu’ils et elles ont choisi pour résister », concluant le texte par un appel à « l’intifada ». Cette apologie du terrorisme ne semble pas déranger le parti d’extrême gauche, qui n’en est pas à son premier « dérapage ». Mais peut-on réellement parler de « dérapages » qui, à force de répétitions après chaque événement dramatique, finit par valoir convictions. Si le soutien au terrorisme, même indirect, comme la racisme, n’est pas une opinion mais un délit, alors oui, il faut trainer devant les tribunaux ces ambassadeurs de la haine, et les sanctionner comme il se doit. La terreur commence toujours avec des mots et l’on en connaît toujours la fin.