Tribune de François Rachline, universitaire, écrivain
Il n’est plus l’heure de prendre des gants. Le fascisme frappe à notre porte, prêt à la défoncer.
Qu’on ne s’y trompe pas : on ne succède jamais à l’extrême droite ou à l’extrême gauche, dont la collusion est aujourd’hui évidente, que par la violence ou la guerre civile. Jamais les extrémistes ne rendent gentiment le pouvoir aux urnes. Même aux États-Unis, il s’en est fallu de peu que la tentative de coup d’État de janvier 2021 ne réussisse. À la violence des émeutiers, la violence seule pouvait répondre.
L’histoire est implacable : dès que l’extrême droite parvient au pouvoir, elle entend y rester par tous les moyens. Celle que certains appellent « Marine » est d’abord une raciste. C’est une Le Pen. Elle s’est habilement servie d’Éric Zemmour comme paratonnerre, afin de conserver le masque d’une civilité apparente.
Dans le Livre de la jungle, le serpent Kaa hypnotise ses victimes et leur susurre : « Ayez confiance ! ». Avoir confiance ? Cela voudrait dire abandonner notre pays à ceux qui haïssent la République et se servent de la démocratie pour la détruire.
Ce serait accepter tout ce qui est contraire à l’essence même de la France :
– l’opposition à toute notre histoire, qui est construite sur la diversité de ses populations depuis 2000 ans ;
– la rupture de l’égalité entre tous les citoyens par le principe de « priorité nationale », incompatible avec l’Europe ;
– le renvoi de centaines de milliers d’immigrés uniquement parce qu’ils sont immigrés ;
– la remise en cause de la laïcité par l’ostracisation de millions de citoyens français de confession musulmane ;
– la diminution de la sécurité individuelle face à la police ;
– le musellement de l’opposition et du Parlement ;
– l’effondrement du pouvoir d’achat par retour du protectionnisme ;
– le rejet de l’Europe, bien entendu non avoué ;
– l’amitié avec Poutine en cherchant des excuses à cet assassin.
En un mot, avoir confiance dans l’extrémisme, c’est se rendre complice de la destruction de la République.
Souvenons-nous de ce mot de Saint-Just, le 24 avril 1791 : « Le peuple français vote la liberté du monde. » La liberté du monde et celle de la France sont indissolublement liées. Des centaines de millions de femmes et d’hommes ont leurs yeux tournés vers nous. Ne sombrons pas ! Tenons notre rôle parmi les nations.
Si les extrémistes l’emportaient, une chape de honte et de désolation s’abattrait sur notre pays. Ce serait le retour du refoulé comme de ses abominations, qui n’ont pas eu besoin d’un occupant pour déshonorer à jamais leurs partisans. Il y eut le Vichy rampant ; nous avons désormais le Vichy grimpant.
Il n’est pas trop tard pour comprendre que le loup s’apprête à dévorer les moutons en clamant qu’il est là pour les défendre. Ressaisissons-nous !
Nous ne sommes pas à la veille d’une élection présidentielle mais devant une échéance civilisationnelle. La démocratie ressemble aux hommes, elle peut se suicider. Retenons-la.
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Dossier « Faire taire la haine », consacré à la loi contre le racisme du 1er juillet 1972, dans le n° 686 printemps 2022
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