Propos recueillis par Abraham Bengio, président de la commission culture de la Licra
(Article paru dans Le DDV n°683, juin 2021)
Dans une tribune dans Le Monde, où vous réagissiez à l’ « affaire Gorman », vous affirmiez que « cette idéologie de l’atomisation de l’humanité selon la couleur de la peau […] est le contraire absolu de la traduction ». Comment définiriez-vous l’art de la traduction ?
Un traducteur est quelqu’un qui aime un texte et qui est capable de le faire aimer. Et ajoutons : le faire aimer en lui gardant le plus possible son caractère singulier. Je parle souvent de la traduction comme d’une reconnaissance. C’est un mot que sa polysémie rend intraduisible. La reconnaissance, c’est d’abord la gratitude pour l’admiration et la joie que nous éprouvons de pouvoir approcher d’une œuvre, et traduire est d’abord vouloir partager cette gratitude. Sans ce mouvement premier, il me semble que la traduction reste lettre morte. La reconnaissance est aussi le fait de se reconnaître, de reconnaître en un texte une facette de soi-même, peut-être inconnue, qui peut ainsi être mise au jour et partagée à son tour à travers la traduction.
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