LEDDV.FR - Revue universaliste
Aucun résultat
Voir tous les résultats
  • Se connecter
  • S'enregistrer
  • Actualité
  • Analyse
  • Éducation
  • Culture
    • Lecture
  • Opinion
    • Tout
    • Chronique
    • Éditorial
    • Tribune
    Henri Rousseau, La Guerre (vers 1894)

    Tendons l’oreille, on parle de nous tous

    Mairie de Paris (photo Nathan Cima/Unsplash)

    Drapeaux palestiniens sur les mairies : une entorse à l’État de droit

    Francisco de Goya, El sueño de la razon produce monstruos ("le sommeil de la raison engendre des monstres"), 1797/1799 (détail).

    Les fascinations morbides de la gauche radicale

    Paul Klee, Musiker, 1937 (T 17), Zentrum Paul Klee, Bern, Schenkung Livia Klee

    Que la musique soit avec nous

    • Éditorial
  • Histoire
  • À propos
>> Je m'abonne au DDV !
LEDDV.FR - Revue universaliste
  • Actualité
  • Analyse
  • Éducation
  • Culture
    • Lecture
  • Opinion
    • Tout
    • Chronique
    • Éditorial
    • Tribune
    Henri Rousseau, La Guerre (vers 1894)

    Tendons l’oreille, on parle de nous tous

    Mairie de Paris (photo Nathan Cima/Unsplash)

    Drapeaux palestiniens sur les mairies : une entorse à l’État de droit

    Francisco de Goya, El sueño de la razon produce monstruos ("le sommeil de la raison engendre des monstres"), 1797/1799 (détail).

    Les fascinations morbides de la gauche radicale

    Paul Klee, Musiker, 1937 (T 17), Zentrum Paul Klee, Bern, Schenkung Livia Klee

    Que la musique soit avec nous

    • Éditorial
  • Histoire
  • À propos
>> Je m'abonne au DDV !
LEDDV.FR - Revue universaliste
Aucun résultat
Voir tous les résultats
Accueil Analyse

Quand l’antiracisme exclut l’antisémitisme de ses combats

Pour une partie du mouvement antiraciste, la lutte contre l'antisémitisme est plus qu’un angle mort : elle est une lutte concurrentielle qu’il faut dénaturer, quitte à manipuler l’Histoire et le champ des discriminations, pour que les juifs sortent du camp des victimes.

Le DDV Par Le DDV
30 juillet 2024
dans Analyse
Temps de lecture : 7 min
A A
0
Le drapeau palestinien, un symbole incontournable des manifestations de l’antiracisme politique.
Ici, dans la marche « contre le racisme », à Paris, le 21 avril 2024 (Alain Jocard / AFP)

Le drapeau palestinien, un symbole incontournable des manifestations de l’antiracisme politique. Ici, dans la marche « contre le racisme », à Paris, le 21 avril 2024 (Alain Jocard / AFP)

Partager sur FacebookPartager sur Twitter

Karan Mersch, enseignant en philosophie

Pour comprendre la forte progression des actes antisémites qui a caractérisé l’après 7-Octobre en France, il est nécessaire d’interroger la manière dont certaines sphères militantes contribuent à affaiblir les défenses contre l’antisémitisme quand elles ne les combattent pas explicitement. C’est le cas de l’antiracisme dit « politique » – en opposition au canal historique de l’antiracisme, dit « universaliste » –, dont l’influence s’est affirmée au cours des dernières années. Ses militants estiment que seule la parole des personnes directement « concernées » est légitime en la matière. Sont donc exclus de la problématique du racisme, par l’imposition d’une grille de lecture raciale, celles et ceux qui se voient définis comme « blancs ». Pour la militante Rokhaya Diallo, « aucun groupe n’a été opprimé en tant que blanc »1Tweet du 12 septembre 2018. ; au contraire, toutes les violences racistes auraient été menées par les « blancs » contre des groupes exclus de la « blanchité ».

Quand on fait remarquer que cette vision repose sur une essentialisation raciale, l’histoire vient en renfort de l’argumentation. Or, l’invocation des violences passées comme argument central pour expliquer la persistance du racisme devrait théoriquement mettre les juifs en position de partager avec les militants décoloniaux cette légitimité conférée aux « concernés ». Mais… les juifs n’ont pas vécu la colonisation, et les dominations qu’ils ont subies au cours de l’Histoire ainsi que la Shoah ne rentrent pas dans ce cadre de pensée. Expliquer qu’ils se font assassiner aujourd’hui au cri de « Allah Akbar » au motif qu’ils ne seraient pas « blancs » n’est aucunement crédible. De fait, la lutte contre l’antisémitisme est non seulement vécue comme une lutte concurrentielle, mais, plus encore, elle représente pour les tenants de ce « nouvel antiracisme » le danger d’une invalidation par les faits.

Juifs et « blanchité »

Pour rendre compte de la Shoah, ces militants qui s’appuient sur la notion de « race » doivent régler la question de savoir si les juifs sont blancs. La première attitude, et la plus marginale, répond par l’affirmative. Cette idée est exprimée par l’actrice Whoopi Goldberg pour laquelle « l’Holocauste n’est pas lié au racisme (…). Ce sont deux groupes de blancs »2Le 21 janvier 2022 sur la chaîne américaine ABC.. Les nazis n’auraient donc pas construit un discours racial à leur sujet. L’interprétation dominante, dans l’antiracisme politique, est toutefois que les juifs auraient plutôt été exterminés en tant que non-blancs. « Selon les thèses nazies les Juifs étaient exclus de la blanchité, ils avaient été déchus de ce statut et c’est ce qui a rendu leur extermination acceptable (…) » a pu expliquer Rokhaya Diallo3Idem., tordant les faits pour mieux confirmer sa théorie.

Un problème subsiste cependant : si les juifs ne sont pas « blancs » et qu’ils sont des victimes dans l’Histoire, cela devrait leur donner droit à revendiquer une parole légitime. Las, l’idéologie anti-blancs n’est pas partageuse. Cette fois, au lieu de s’approprier le groupe considéré comme « racisé », en « blanchissant » ceux qui parmi eux refusent de se soumettre au diktat racialiste (en les traitant de « bounty » par exemple), un autre choix est fait : « blanchir » le groupe tout entier.

Dans ce système de pensée, rien n’empêche de considérer que la « blanchité » des juifs varie avec les époques, puisqu’elle est définie comme un processus social. Si les juifs ont été « déchus », ils peuvent être réintégrés. Non-blancs hier quand ils étaient opprimés, « blancs » aujourd’hui, parce que dominants. Houria Bouteldja, figure majeure du Parti des indigènes de la République, est allée jusqu’à affirmer : « On ne reconnaît pas un Juif parce qu’il se déclare Juif mais à sa soif de vouloir se fondre dans la blanchité4Houria Bouteldja, Les Blancs, les Juifs et nous, Paris, La Fabrique, 2016.. »

L’antiracisme politique se réfère à un champ de discriminations qui concernent l’accès au logement, à l’embauche, le contrôle au faciès, et qui ne s’applique pas strictement aux personnes juives aujourd’hui, puisque l’inégalité de traitement se fonde d’abord sur des caractéristiques phénotypiques identifiables. En conséquence, elles ne rendent pas compte de la forme particulière de domination et du poids de la violence vécues par les juifs. Les propos antisémites, les menaces, les agressions physiques, le refus d’accès à un bien ou à un service… relèvent bien du registre discriminatoire mais sont ici laissés de côté. Le fait de négliger cette réalité permet de « blanchir » les juifs d’aujourd’hui. Les victimes sont même dépossédées de leurs stigmates. Les étoiles de David portées lors de la marche contre l’islamophobie du 10 novembre 2019 attestaient à leur manière le fait que ce serait dorénavant aux musulmans de subir la discrimination d’État comme le furent les juifs en leur temps, par le régime de Vichy5« Détournements de l’étoile jaune : Point histoire », 23 janvier 2021, site de la Licra.. Ainsi l’antisémitisme actuel est-il considéré comme une vague subsistance de celui qui sévit jadis… C’est aussi ce qui fait dire à Jean-Luc Mélenchon que « contrairement à ce que dit la propagande de l’officialité, l’antisémitisme reste résiduel en France »6« Netanyahu à la télé : la déchéance de l’officialité », Jean-Luc Mélenchon (blog), 2 juin 2024..

Une violence en réaction ou par amalgame

Un tel déni n’est pas tenable. Les chiffres des actes antisémites explosent et ne peuvent s’expliquer uniquement par la persistance de l’ancrage de l’antisémitisme dans la société française. L’expliquer par la « blanchité » exige un tour de passe-passe consistant à le déclasser. Ainsi, l’activiste politique américaine Linda Sarsour explique que l’antisémitisme « est différent du racisme anti-Noirs ou de l’islamophobie, car ce n’est pas systémique »7Entretien pour « Jewish voice for peace », 28 avril 2017.. Il n’arriverait pas au niveau des racismes car il ne serait pas soutenu par le système (vision mono-systémique). Le voici relégué au rang de simple réaction, statut accordé aux violences qui peuvent parfois toucher les « blancs ». En d’autres termes, les horreurs imputées au « sionisme » expliqueraient les réactions qui se retournent en un malheureux amalgame englobant tous les juifs. Il est ainsi impératif qu’Israël soit défini comme un régime d’apartheid, un État criminel et génocidaire. Dans cette optique, Israël devient un État plus blanc que tous les autres, et que devraient combattre tous les antiracistes.

Grâce à l’antisionisme, l’antisémitisme actuel peut être réduit à une simple réaction à la colonisation, à la blanchité.

La sociologue Kaoutar Harchi, qui défend cette thèse et qui avait été invitée à venir en disserter à l’Assemblée Nationale lors d’une journée d’étude sur le racisme organisée par la députée Obono8Colloque organisé par La France insoumise le 23 mars 2023 à l’Assemblée nationale., a affirmé dans un tweet, au printemps 2024 : « Les peuples dominés (..) ont eu affaire au seul particularisme qui existe, le particularisme occidental, blanc, européen. Tout ce qui se passe actuellement devrait suffire à nous jeter par millions dans la rue en solidarité aux victimes indénombrables de la terreur occidentale. Vive la Palestine9Tweet du 13 avril 2024.. » Grâce à l’antisionisme, l’antisémitisme actuel peut être réduit à une simple réaction à la colonisation, à la blanchité.

Blanchir les juifs jusqu’à les nazifier

Le courant militant intersectionnel, qui accompagne cet antiracisme, contribue à propager ces théories. Il diffuse dans certaines sphères associatives l’idée que chacune de leurs luttes, pourtant éloignées, vont forcément de pair avec un engagement militant antisioniste. De fait, lier les combats entre eux peut rapidement conduire sur des pentes glissantes, comme défendre l’idée par exemple que la lutte contre le sionisme est aussi une lutte mondiale contre le capitalisme. On a pu lire ainsi sous la plume d’une responsable écologiste, Bénédicte Monville, l’affirmation selon laquelle « Gaza c’est La bataille. Si nous perdons les forces capitalistes écraseront toutes celles et ceux qui s’opposent à leur accaparement du monde »10Tweet du 27 avril 2024..  Toute ressemblance avec l’idée d’un complot juif visant à asservir le monde par la finance n’est pas fortuite11Balázs Berkovits, « De quelle couleur sont les Juifs ? (2e partie) », K., 21 juin 2021 (en ligne).. Lorsque le blanchiment des juifs est poussé à son paroxysme, on peut arriver à l’idée que ceux qui soutiennent Israël sont aussi « blancs » que les nazis. L’historien des idées et philosophe Pierre-André Taguieff parle à ce sujet de « nazification d’Israël et du sionisme »12Pierre-André Taguieff, Judéophobie la dernière vague. 2000-2017, Paris, Fayard, 2018, p. 88.. Un sondage Ifop pour l’Americain Jewish Committee et la Fondation pour l’innovation politique est venu confirmer, il y quelques semaines, l’écho de cette équivalence dans l’opinion : 32% des Français pensent qu’ « Israël se comporte avec les Palestiniens comme les nazis se comportaient avec les juifs »13Radiographie de l’antisémitisme, AJC, Fondapol, Ifop, mai 2024..

La doxa décoloniale et anti-blancs a intrinsèquement besoin de minimiser l’antisémitisme pour s’arroger l’exclusivité de la parole légitime. Son idéologie offre un cadre de pensée particulièrement favorable au développement d’un antisémitisme qui repose sur la torsion de l’histoire et recourt à des stéréotypes et préjugés antijuifs traditionnels.

Partager sur Facebook16Partager sur Twitter

À lire : Articles

John Martin, The Last Man, 1849
Analyse

Hommage au dernier homme

7 octobre 2025
Caspar David Friedrich, La Mer de glace (Das Eismeer), 1824
Analyse

Le 7-Octobre et le visage de l’inhumanité

7 octobre 2025
James Tissot, « The Seduction of Dinah, Daughter of Leah » (Jewish Museum, New York)
Analyse

L’art de la guerre et l’irregardable : folie divine, propagande et perversion humaine

16 août 2025
Alfred Dreyfus en 1890. Photo d'Aron Gerschel (Musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme, Paris)
Analyse

Alfred Dreyfus : plaidoyer pour une commémoration

2 août 2025
Alfred Dreyfus (ici avec le général Gillain et le commandant Targe) dans la petite cour des jardins de l’École militaire, le 21 juillet 1906. Ce jour-là, Dreyfus, réintégré dans l’armée, est décoré de la Légion d’honneur (Photographie de Charles Chusseau-Flaviens éditée en carte postale).
Analyse

Journée commémorative pour Alfred Dreyfus : le choix d’un homme et d’une date

17 juillet 2025
Bas-relief représentant l'assaut de Jérusalem sur le socle de la statue de Godefroid de Bouillon à Bruxelles (Wikipedia)
Analyse

Le mot de trop ? Réflexions sur le terme « génocide » et son usage contre Israël

25 juin 2025
Voir plus
Article suivant
Photographie Stéphane Vaquero

ZHANG ZHANG : « La musique est l'une des plus belles expressions de l'universalisme »

Manifestation à Londres de membres du groupe Haredi Neturei Karta,  14 octobre 2023 (AKG-IMAGES / UIG / ANDY SOLOMAN/UCG)

Le sionisme, un mouvement de libération nationale

Les plus lus

  • Mehdi Fedouach / AFP

    Michel Zaoui : « Ne pas dévoyer l’action judiciaire »

    0 partages
    Partager sur Facebook 0 Partager sur Twitter 0
  • La théorie des Khazars : un pont entre antisionisme, antisémitisme et idéologies extrémistes

    56 partages
    Partager sur Facebook 56 Partager sur Twitter 0
  • Daesung Lee, photographe du déracinement

    2 partages
    Partager sur Facebook 2 Partager sur Twitter 0
  • Le 7-Octobre et le visage de l’inhumanité

    1 partages
    Partager sur Facebook 1 Partager sur Twitter 0
  • Tendons l’oreille, on parle de nous tous

    28 partages
    Partager sur Facebook 28 Partager sur Twitter 0
  • Hommage au dernier homme

    0 partages
    Partager sur Facebook 0 Partager sur Twitter 0
  • Le mot de trop ? Réflexions sur le terme « génocide » et son usage contre Israël

    13 partages
    Partager sur Facebook 13 Partager sur Twitter 0
  • Michaël Prazan : « Pour le Hamas, le projet de création d’un État palestinien est fondamentalement illégitime »

    20 partages
    Partager sur Facebook 20 Partager sur Twitter 0

À lire

Mehdi Fedouach / AFP

Michel Zaoui : « Ne pas dévoyer l’action judiciaire »

14 octobre 2025
John Martin, The Last Man, 1849

Hommage au dernier homme

7 octobre 2025
Henri Rousseau, La Guerre (vers 1894)

Tendons l’oreille, on parle de nous tous

7 octobre 2025
LEDDV.FR – Revue universaliste

Le Droit de Vivre - Revue universaliste

« Rien de ce qui est humain ne m'est étranger » - Térence

» En savoir plus

Articles récents

  • Michel Zaoui : « Ne pas dévoyer l’action judiciaire »
  • Hommage au dernier homme
  • Tendons l’oreille, on parle de nous tous

Catégories

  • Actualité
  • Analyse
  • Chronique
  • Cinéma
  • Culture
  • Document
  • Éditorial
  • Éducation
  • Enquête
  • Entretien
  • Fable réaliste
  • Histoire
  • Lecture
  • Non classé
  • Opinion
  • Tribune
  • À propos
  • CGU
  • CGV
  • Cookies
  • Confidentialité
  • Mentions légales
  • Contact

© 2021 LeDDV.fr - Revue universaliste - Tous droits réservés.

Aucun résultat
Voir tous les résultats
  • » Je m’abonne au DDV !
  • Actualité
  • Analyse
  • Éducation
  • Culture
    • Lecture
  • Opinion
    • Éditorial
    • Tribune
  • Histoire
  • À propos
  • Se connecter
  • Créer
  • Panier

© 2021 LeDDV.fr - Revue universaliste - Tous droits réservés.

Bienvenue !

Se connecter

Mot de passe oublié ? Créer

Créer un compte

Renseignez le formulaire pour créer un compte

Tous les champs sont requis Se connecter

Récupérer mon mot de passe

Renseignez les champs pour récupérer votre mot de passe

Se connecter

Add New Playlist

Are you sure want to unlock this post?
Unlock left : 0
Are you sure want to cancel subscription?