LA CONFRONTATION À DES FORMES D’EXPRESSION DU « RELIGIEUX »
Comparatif entre les réponses des lycéens et des enseignants du secteur public
D’autres expressions des identités religieuses illustrent chez une partie des élèves une volonté de vie scolaire séparée. En effet, 16 % des lycéens du public ont déjà constaté l’organisation à la cantine de tables en fonction de la religion (33 % dans les lycées classés « prioritaires »), 15 % des WC séparés en fonction de leur religion (30 % en milieu « prioritaire ») et 13 % l’institution de robinets réservés aux élèves en fonction de la confession (32 % en milieu « prioritaire »).
De manière générale, les lycées situés dans des banlieues sensibles semblent particulièrement exposés à ces formes d’expression du « religieux » : 63 % des lycéens inscrits dans un établissement classé « prioritaire » en ont déjà observé au cours de leur scolarité. Et la différence d’exposition avec les autres établissements est souvent significative, par exemple pour les refus de donner la main à un(e) camarade, rapportés par 46 % des lycéens en milieu « prioritaire » contre seulement 15 % dans les autres établissements.
LA CONFRONTATION À DES FORMES D’EXPRESSION DU « RELIGIEUX »
Réponses en fonction du classement du lycée en établissement « prioritaire »
2. Une « poussée du religieux » qui s’immisce jusque dans le contenu des cours
Si ces formes d’expression religieuse peuvent affecter les divers aspects de la vie scolaire, cette « poussée du religieux » (Iannis Roder) se traduit aussi par une remise en cause du contenu même des enseignements.
Ainsi, près d’un lycéen sur deux du secteur public (48 %) rapporte avoir déjà observé au cours de sa scolarité des contenus d’enseignement contestés au nom de convictions religieuses. Et il n’y a pas vraiment de cours qui soient beaucoup plus affectés que les autres : environ trois lycéens sur dix en ont déjà constaté lors d’un cours d’EMC (34 %) ou évoquant la laïcité (30 %), lors de cours sur des questions liées à la mixité (32 %) ou consacré à l’égalité filles-garçons (31 %) ou encore lors de cours d’éducation physique et sportive (29 %). De plus, la même proportion d’élèves du public en a déjà vu dans des cours d’histoire-géographie (30 %) ou de SVT (29 %). Seuls les cours d’éducation artistique (22 %) semblent faire un peu moins l’objet d’altercations au nom de la religion.
Mais au-delà des tendances concernant l’ensemble du territoire métropolitain, il est très important de relever que ces problèmes affectent particulièrement certains espaces de relégation sociale et scolaire. Ainsi, les élèves inscrits dans un établissement classé « prioritaire » (selon l’OZP) sont beaucoup plus nombreux (74 %) que les autres (44 %) à avoir déjà observé au moins une forme de contestation d’un cours.
Dans leur ensemble, ces différentes formes de contestation des cours au nom de la religion ne sont soutenues que par une minorité de lycéens : seuls 21 % des lycéens ont déjà soutenu au moins fois une de ces revendications identitaires. Cependant, certaines fractions de la population lycéenne partagent fortement le point de vue des élèves à l’origine de ces contestations, au premier rang desquels les élèves musulmans (49 %), appartenant à une minorité ethnique (49 %) ou inscrits dans un établissement classé « prioritaire » (53 %).