Pierre-André Taguieff, philosophe, politiste et historien des idées, directeur de recherche au CNRS
L’une des conclusions que j’ai tirées de mes travaux sur le complotisme à cible juive est que l’antisionisme radical, inconditionnel ou absolu a pour noyau dur le mythe moderne de la conspiration internationale des « Sages de Sion », adapté au contexte géopolitique contemporain. Si l’antisionisme radical peut être considéré comme la dernière forme historique de la vieille haine des Juifs, une haine ontologique qu’on appelle encore par habitude et commodité « antisémitisme », c’est avant tout parce qu’il implique une vision complotiste du Juif fantasmé comme une figure du diable, donc pervers, cruel, menteur, manipulateur, ennemi du genre humain.
Transfert de la diabolisation : du « Juif » au « sioniste »
La diabolisation ou la démonisation du Juif a été progressivement, depuis le début des années 1920 – après la déclaration Balfour du 2 novembre 1917 –, transférée sur la figure mythologisée du « sioniste ». La création de l’État d’Israël le 15 mai 1948 a considérablement accéléré le processus. Au cours des années 1960 et 1970, les propagandes arabe et soviétique ont diffusé l’image répulsive du « sioniste » autour de laquelle l’antisionisme radical s’est construit, sur la base de quatre traits principaux : « colonialiste », « impérialiste », « raciste » et « fasciste ». Après la guerre des Six Jours (5-10 juin 1967) et la victoire d’Israël, on a observé une intensification du ressentiment et du désir de vengeance contre les « sionistes ». Dans le contre-type du « Juif vainqueur » ont été projetés et condensés les thèmes d’accusation visant le Juif « dominateur », « puissant », « comploteur » et « belliciste ».
La première conséquence de ce transfert réussi a été l’entrée de la haine des Juifs, que j’ai baptisée « judéomisie », dans un nouveau régime de mise en acceptabilité, permettant à l’extrême gauche comme à l’extrême droite de cultiver au grand jour leurs passions antijuives, retrouvant ainsi avec jubilation cette « libre parole » chère à Édouard Drumont et ses disciples, cette liberté de tout dire, cette parrhèsia, célébrée et illustrée par les cyniques grecs comme par le pamphlétaire antijuif Louis-Ferdinand Céline et le négationniste Robert Faurisson. Mais le « tout dire » est sélectif : il s’agit de dire tout le mal possible des seuls Juifs (« sionistes » ou « nazionistes ») et de leurs alliés, jugés « enjuivés » ou « sionisés » donc souillés par contact.
Haïr les Juifs au nom des valeurs démocratiques et des droits de l’homme
La mise en acceptabilité de la haine antijuive s’est accompagnée d’une grande inversion des rôles assignés aux « sionistes » et à leurs ennemis : ces derniers, dans leur lutte finale contre « l’entité sioniste », ont pu se réclamer de l’antiracisme, de l’anticolonialisme et de l’antifascisme, donc des valeurs reconnues comme démocratiques ou humanistes. La cause palestinienne s’est confondue avec la cause antisioniste pour être érigée en « cause universelle ». C’est au nom de la morale universelle, des droits de l’homme et du droit international qu’est désormais justifié et célébré le projet d’éliminer l’État d’Israël. Contrairement au judéocide nazi, qui s’est accompli au nom de la défense de la « race aryenne » contre le « péril juif », l’israélicide programmé par les antisionistes radicaux trouve sa légitimation dans l’impératif premier de la nouvelle morale humanitaire d’inspiration victimaire : défendre et sauver d’un « génocide » ce peuple de victimes héréditaires que seraient « les Palestiniens ». La structure d’accueil de cette haine antijuive acceptable est un démocratisme hyperbolique dont le moteur est avant tout passionnel, définissable comme un mélange d’empathie et de compassion à l’égard des victimes supposées des « sionistes », quant à eux nazifiés.
C’est au nom de la morale universelle, des droits de l’homme et du droit international qu’est désormais justifié et célébré le projet d’éliminer l’État d’Israël.
Comment oserait-on plaider en faveur des « dominants », des « oppresseurs », des « racistes » et des « colonialistes » contre les « dominés », les « opprimés », les « racisés » et les « colonisés » ? Les « sionistes » se sont métamorphosés en « fascistes », voire en « nazis », lesquels, depuis la riposte militaire israélienne au méga-pogrom du 7 octobre 2023, sont accusés de commettre un « génocide des Palestiniens ». Dès lors qu’elle est devenue crédible, cette grande inversion victimaire suffit à rendre non seulement acceptable, mais hautement désirable le projet d’un israélicide. Pour les islamo-palestinistes du Hamas, l’accomplissement d’un israélicide est la condition nécessaire et suffisante de la création d’une « Palestine libre », « terre d’islam » libérée ou délivrée de ses « occupants » juifs, intrus à éliminer. En quoi l’antisionisme exterminateur fonctionne aussi et surtout comme un antisionisme rédempteur, dévoilant la dimension théologico-religieuse, voire gnostique par la vision manichéenne qu’elle présuppose, du jihadisme antijuif.
Nazifier les Juifs
Cette opération, disons la nazification des « sionistes », avait été identifiée et analysée dès la fin des années 1960, à la suite de la guerre des Six Jours, par deux grands auteurs, le philosophe Vladimir Jankélévitch et l’historien Léon Poliakov. Rappelons simplement l’avertissement lucide, désormais célèbre, lancé par le philosophe en 1971 dans son essai intitulé Pardonner ? :
« Ce secret honteux que nous ne pouvons dire est le secret de la Deuxième Guerre mondiale, et, en quelque mesure, le secret de l’homme moderne : sur notre modernité en effet l’immense holocauste, même si on n’en parle pas, pèse à la façon d’un invisible remords. (…) Comment vont-ils se débarrasser de leur remords latent ? L’“antisionisme” est à cet égard une introuvable aubaine, car il nous donne la permission et même le droit et même le devoir d’être antisémite au nom de la démocratie ! L’antisionisme est l’antisémitisme justifié, mis enfin à la portée de tous. Il est la permission d’être démocratiquement antisémite. Et si les Juifs étaient eux-mêmes des nazis ? Ce serait merveilleux. Il ne serait plus nécessaire de les plaindre ; ils auraient mérité leur sort. »
Le « sionisme » tel qu’il est désormais diabolisé a pris la figure suprêmement inquiétante d’un pan-sionisme ou d’un pan-judaïsme, c’est-à-dire d’un impérialisme ou d’un suprémacisme juif sans frontières.
On aura reconnu l’idée directrice : avec l’antisionisme « démocratique » et « humaniste » ou « humanitaire », les barrières imposées par la mauvaise conscience ont été peu à peu supprimées, laissant le champ libre à la haine meurtrière s’exprimant confortablement au nom de la Justice, du respect des droits de l’homme et de la Paix. Dans le discours antisioniste globalisé, la cible juive a été en même temps redéfinie : la dénonciation du « sionisme mondial », incarnant le chimérique « lobby juif » universel, a marginalisé celle du sionisme en tant que forme détestable de nationalisme enveloppant de l’ethnocentrisme et de la xénophobie. Le « sionisme » tel qu’il est désormais diabolisé a pris la figure suprêmement inquiétante d’un pan-sionisme ou d’un pan-judaïsme, c’est-à-dire d’un impérialisme ou d’un suprémacisme juif sans frontières. Ceux qui croient à l’existence de cette hyper-puissance expansionniste et impitoyable, d’autant plus malfaisante qu’elle reste invisible au commun des mortels, sont saisis de frayeur. C’est ainsi que la haine totale accouche d’une grande peur.
Les Protocoles des Sages de Sion contre le mouvement sioniste
Le principal véhicule du mythe du « complot sioniste mondial » a été, depuis sa publication au cours de l’été 1903 en Russie, le faux connu sous le nom de Protocoles des Sages de Sion, à l’histoire duquel j’ai consacré plusieurs études, la première en 1992, la dernière en 20241Pierre-André Taguieff, Les Protocoles des Sages de Sion. Faux et usages d’un faux, nouvelle édition refondue et considérablement augmentée [1ère édition : tome I de l’éd. de 1992], Paris, Berg International & Fayard, 2004 ; Les Protocoles des Sages de Sion des origines à nos jours, entretien avec Roman Bornstein, Paris, Hermann, 2024.. L’hypothèse la mieux étayée sur les origines de ce document, devenu le bestseller et le longseller de la littérature antijuive au XXe siècle, est la suivante, qu’on doit à l’historien Michael Hagemeister : les Protocoles auraient été le résultat du retravail complexe d’un texte écrit en Russie entre avril 1902 et août 1903 par des écrivains antijuifs et réactionnaires, dont l’identité reste à déterminer, et ce, en vue de discréditer le mouvement sioniste, qui commençait alors à prendre de l’importance2Michael Hagemeister, The Perrenial Conspiracy Theory: Reflections on the History of the Protocols of the Elders of Zion, Londres & New York, Routledge, 2021..
C’est en avril 1902 que paraît l’article du publiciste antijuif et raciste Mikhaïl O. Menchikov, « Conspirations contre l’humanité », où les Juifs sont accusés d’être par nature un peuple cosmopolite ou nomade, diaboliquement rusé, conspirateur et dominateur : « Dès 929 av. J.-C. à Jérusalem, au temps du roi Salomon, un complot secret fut fomenté par lui et par les sages juifs contre tout le genre humain. Les protocoles de ce complot et leurs commentaires ont été conservés en grand secret, se transmettant de génération en génération. » C’est vraisemblablement dans cet article que les Protocoles, alors non encore publiés comme un document révélateur, sont mentionnés pour la première fois. L’hypothèse de Hagemeister paraît être confirmée par un certain nombre de textes d’accompagnement contenus dans les premières éditions russes des Protocoles, qui évoquent le sionisme en le fantasmant comme un projet juif de domination mondiale.
On doit souligner le fait que la première publication des Protocoles, fin août 1903,par Pavel A. Krouchevan, l’organisateur du pogrom de Kichinev (21 avril 1903), suivait de peu l’ouverture, le 23 août de la même année, du 6e Congrès sioniste, tenu à Bâle, comme le premier (29-31 août 1897). On peut bien sûr considérer qu’il ne s’est agi là que d’une coïncidence, et non d’une relation de cause à effet, mais ce serait pêcher par naïveté, en négligeant notamment de considérer l’imaginaire conspirationniste qui orientait alors l’interprétation de tout événement à valeur symbolique concernant les Juifs. Publié dans une version courte dans le journal Znamia (« Le Drapeau ») sous le titre Programme de la conquête du monde par les Juifs, le document, structuré en 22 séances, est présenté par le « traducteur » comme étant les « Protocoles des séances de l’Union [ou de l’Alliance] mondiale des francs-maçons et des Sages de Sion ». Il s’agissait de laisser entendre que le document provenait de la direction du mouvement sioniste, thèse qui, dans le contexte antijuif de l’époque, pouvait paraître fondée.
Les Protocoles auraient été le résultat du retravail complexe d’un texte écrit en Russie entre avril 1902 et août 1903 par des écrivains antijuifs et réactionnaires, dont l’identité reste à déterminer, et ce, en vue de discréditer le mouvement sioniste, qui commençait alors à prendre de l’importance.
La dimension apocalyptique des Protocoles
Dans l’histoire russe du faux, le second moment se produit en 1905, dans un contexte marqué par l’agitation révolutionnaire, où le tsar antijuif qu’était Nicolas II était disposé à croire à la réalité d’un complot juif contre la « Sainte Russie ». Le mystique orthodoxe Sergueï Alexandrovitch Nilus publie fin décembre 1905, en annexe de la deuxième édition de son livre intitulé Le Grand dans le petit (chap. XII : « L’Antéchrist en tant que possibilité politique imminente »), la version des Protocoles qui deviendra canonique (en 24 séances).
Reprenant à son compte le mythe des « supérieurs inconnus » de la « judéo-maçonnerie », l’écrivain religieux qu’est Nilus y ajoute une dimension apocalyptique. Il avait été fortement marqué par la lecture du « Court récit sur l’Antéchrist » (1900) de Vladimir Soloviev, comme en témoigne son commentaire des Protocoles, où la figure de l’Antéchrist occupe une place centrale, expression de la vision du monde apocalyptique du mystique orthodoxe. À la fin de l’Épilogue de son livre contenant les Protocoles en annexe, Le Grand dans le Petit, il adapte la légende de l’Antéchrist à la vision de la conspiration juive mondiale véhiculée par le faux:
« De nos jours, tous les gouvernements du monde entier sont consciemment ou inconsciemment soumis aux ordres de ce grand super-gouvernement de Sion, parce que toutes les valeurs sont entre ses mains, car tous les pays sont débiteurs des Juifs pour des sommes qu’ils ne pourront jamais payer. (…) Aucun doute n’est permis. Avec toute la puissance et terreur de Satan, le règne triomphal du Roi d’Israël s’approche de notre monde dépravé ; le Roi issu du sang de Sion – l’Antéchrist – est près de monter sur le trône de l’Empire universel. »
La légende d’une origine sioniste des Protocoles a été largement diffusée après la déclaration Balfour du 2 novembre 1917, qui annonçait « l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif ». Dans la préface de la première édition polonaise des Protocoles (traduits d’après la version de Nilus), datée de décembre 1919, on lit par exemple :
« D’après des personnes dignes de foi, la copie de ces “Procès-verbaux” fut volée dans l’appartement occupé à Vienne par Herzl, l’organisateur du premier Congrès sioniste tenu à Bâle, en août 1897. Ce Herzl, affirme Sergueï Nilus, est “exilarche”, c’est-à-dire “Prince des Exilés” et dès lors chef d’Israël. À ce Congrès de Bâle, il exposa à l’Assemblée des Anciens un plan stratégique de conquête de l’univers. Les “Procès-verbaux” renferment précisément ce plan. »
Le « sionisme » est ainsi décrypté et dénoncé comme le masque trompeur d’une entreprise occulte de domination du monde. Le stéréotype du « sionisme mondial » était déjà inscrit dans les textes d’accompagnement des premières éditions russes des Protocoles, avant d’être repris par les multiples traductions du faux à partir de la fin de l’année 1919. La carrière internationale des Protocoles commence en 1920, lorsqu’ils sont traduits en allemand, en anglais, en français, en polonais, en suédois, en hongrois, etc., avant de l’être en italien et en serbe (1921), en portugais (1923), en japonais (1924), en arabe (1925), en espagnol (1927) et en grec (1928).
L’islamisation des Protocoles
Dans la longue préface de sa traduction arabe du faux, publiée au Caire en 1951, l’intellectuel musulman Muhammad Khalîfa al-Tunsî reprend à son compte la légende de l’origine sioniste des Protocoles. Il réaffirme que la « finalité commune » de tous les congrès sionistes depuis 1897 a été « d’étudier les mesures susceptibles d’assurer l’instauration du royaume mondial de Sion », et conclut que les Arabes doivent se préparer au combat final contre l’État d’Israël, en vue de le détruire.
Après la défaite de la coalition arabe début juin 1967, au terme de la guerre des Six Jours, on a observé une intensification des usages politiques des Protocoles et des textes complotistes dérivés. Il fallait expliquer la défaite des armées arabes par le petit État d’Israël sans mettre en doute la bravoure des combattants ni la compétence de leurs chefs. Le mythe du grand « complot sioniste », impliquant l’intervention d’une prétendue super-puissance « sioniste », permettait de sauver l’honneur des « fiers Arabes ». Les Protocoles ont donc été utilisés dans le cadre de la lutte contre Israël et le « sionisme mondial », expression polémique désignant l’entité chimérique qui, dans la mythologie « antisioniste », a pris la suite du « judaïsme mondial » ou de la « juiverie internationale » que dénonçaient naguère les idéologues catholiques ou protestants traditionalistes autant que les propagandistes nazis, tous adeptes de la vision conspirationniste de l’Histoire.
Les Presses islamiques, à Beyrouth, rééditent en novembre 1967 une version française des Protocoles, ainsi présentée : « La vérité sur Israël, ses plans, ses visées, révélée par un document israélite. » Dans sa préface, le journaliste et publiciste syrien Faëz Ajjaz (el-Ajjaz) interprète le combat des Arabes et des musulmans contre Israël comme la légitime résistance des peuples agressés contre les « fils de Sion » poursuivant le rêve de domination mondiale de leurs ancêtres (« les Sages de Sion »), tout en voyant dans la guerre des Six Jours une preuve irrécusable de l’authenticité des Protocoles.
De l’Iran de Khomeini à la Charte du Hamas
En 1985, dans l’Iran de l’ayatollah Khomeini, l’Organisation pour la Propagande islamique publie à Téhéran une réimpression de l’édition libanaise de novembre 1967, sous le même titre : « Protocols » des Sages de Sion. Texte complet conforme à l’original adopté par le Congrès sioniste à Bâle (Suisse) en 1897. La première page de couverture porte en sur-titre : La vérité sur les plans d’Israël révélée par un document israélite. L’introduction de l’éditeur expose les objectifs de guerre idéologique que remplit la diffusion des Protocoles aux yeux des islamistes chiites iraniens :
« L’occupation et l’expansion avides, conformément à la logique “du Nil à l’Euphrate”, sont propres à ces criminels professionnels de l’histoire qui, depuis 35 ans, avec la coopération des superpuissances, s’approchent progressivement, pas à pas, à [sic] leur satanique objectif. (…) L’apparition de la Révolution islamique de l’Iran, dans la région, représente, aujourd’hui et demain, le plus grand danger pour Israël. (…) L’Imam Khomeini, guide de la Révolution iranienne, n’a cessé de rappeler le danger que représente cet ennemi destructeur. La phrase :“Si chaque musulman tenait à la main un seau plein d’eau et en faisait couler le contenu vers Israël, ces criminels seraient balayés”, est l’une des plus anciennes et des plus significatives du grand fondateur de la République islamique. »
Cette vision horrifiée des « ambitions » juives illimitées est reprise dans l’article 32 de la « Charte d’Allah », plate-forme du Mouvement de la résistance islamique (le Hamas), rendue publique le 18 août 1988.
Dans tous les textes qui, s’inspirant des Protocoles, dénoncent le « complot sioniste mondial », ce dernier a un objectif final : la domination du monde par les Juifs. Autrement dit, « Juifs » et « sionistes » fonctionnent comme des synonymes. Le « complot juif international » et le « complot sioniste mondial » ont la même référence.
Cette vision horrifiée des « ambitions » juives illimitées est reprise dans l’article 32 de la « Charte d’Allah », plate-forme du Mouvement de la résistance islamique (le Hamas), rendue publique le 18 août 1988. On y trouve mentionnés les Protocoles des Sages de Sion en tant que preuve du criminel « projet » de conquête des « sionistes », définis comme des « Juifs bellicistes » :
« La conspiration sioniste [ou le « plan sioniste »] n’a pas de limites. Après la Palestine, les sionistes veulent accaparer la terre, du Nil à l’Euphrate. Quand ils auront digéré la région conquise, ils aspireront à d’autres conquêtes. Leur plan a été énoncé dans les Protocoles des Sages de Sion, et leur conduite actuelle en est la meilleure preuve. […] Au sein du cercle du combat contre le sionisme mondial, le Hamas se considère comme le fer de lance et l’avant-garde. »
Ce qui caractérise aujourd’hui l’antisionisme radical, c’est le fait qu’il a été islamisé. L’État juif, visé au premier chef par le jihad, est voué à la destruction. La haine des Juifs a trouvé sa nouvelle cible et l’israélicide est au programme. L’antisionisme radical ainsi islamisé revient à dépolitiser le conflit israélo-palestinien en le mythologisant. D’où l’appel au jihad énoncé dans l’article 13 de la Charte du Hamas : « Il n’y aura de solution à la cause palestinienne que par le jihad. »