La Licra
Le 7 octobre 2023, une attaque jihadiste d’une ampleur exceptionnelle a frappé Israël faisant s’abattre sur une partie de sa population des actes d’une barbarie extrême, relevant du crime contre l’humanité. L’opération a coûté la vie à près de 1 500 personnes, parmi lesquelles 30 de nos compatriotes. 200 personnes, dont sept Français, ont été prises en otage.
La nature génocidaire de cette violence commise par les tueurs du Hamas peine à trouver sa place dans l’esprit d’une partie de nos concitoyens, tant nous nous sommes habitués, depuis des décennies, aux poussées meurtrières du « conflit au Proche-Orient ». Une de plus ? Il ne s’est pourtant pas agi ici d’un énième épisode des guerres israélo-palestiniennes mais bien d’une attaque islamiste, pogromiste, dont la portée et les répercussions sont mondiales, et se traduisent notamment par une vague d’agressions et de meurtres antisémites sans précédent depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
L’opération menée par Israël pour déloger les jihadistes de Gaza fait de nombreuses victimes civiles pour lesquelles nous exprimons notre tristesse profonde. Nous tenons à redire ici notre attachement à une solution à deux États et à leur droit d’exister en sécurité.
Un antisémitisme décomplexé
Nous, Français libres, laïques, juifs ou non juifs, convaincus que la question de l’antisémitisme n’est pas l’affaire des seuls juifs mais bien de la République dans son ensemble, ne pouvons plus rester silencieux. Nous redoutons les sérieux risques d’embrasement qui pèsent sur notre société. Nous refusons à ce titre d’employer l’expression déresponsabilisante d’ « importation du conflit ». D’abord parce que, nous l’avons dit, il est question ici d’une offensive islamiste qui vise les démocraties dont Israël est l’avant-poste. Ensuite parce que les lectures manichéennes, les slogans belliqueux et les mots d’ordre haineux circulent depuis des décennies au sein de notre société, infusent dans le monde militant, les médias ou encore les universités, où ils se sont banalisés.
Il existe aujourd’hui, en France, une mouvance qui, par le biais des thèses indigénistes et décoloniales, se montre pleinement poreuse à l’islamisme. De plus en plus unifiée, elle a érigé la lutte contre l’État d’Israël en cause suprême des libérations nationales. Soutenue par l’extrême gauche et faisant ponctuellement cause commune avec les nouvelles radicalités, sous un angle racialiste et identitaire, elle est parvenue à imposer à tout propos, et à l’échelle du monde, une grille de lecture réduisant les relations sociales, politiques ou encore culturelles, à des rapports de domination, entre colonisateurs et colonisés, entre oppresseurs et opprimés. S’appuyant sur l’histoire de la persécution antisémite, l’instrumentalisant et la déformant à souhait, elle a érigé les juifs en oppresseurs nés, avides de revanche et de châtiments collectifs ; elle est allée jusqu’à justifier l’antisémitisme au nom de l’émancipation. L’atmosphère lourde qu’elle fait peser doit nous alerter.
La République en danger
Nous voulons dire nos craintes de voir la société s’embraser par l’action des quelques-uns qui soufflent constamment sur les braises, relayés par un activisme militant qui véhicule des slogans manichéens, haineux et belliqueux.
Nous voulons dire notre inquiétude pour la République quand le Hamas, représentation palestinienne du mouvement islamiste des Frères musulmans, n’est pas clairement dénoncé pour ce qu’il est : notre ennemi commun.
Nous voulons dire notre peur quand le vacarme d’une minorité agissante, défilant aux cris « d’Allahu akhbar » ou de slogans nazifiant Israël, parvient à s’imposer dans l’espace public, ou quand nous voyons des représentants de la nation, ceints de l’écharpe tricolore, refuser de nommer les crimes et reprendre mot pour mot la propagande mensongère des terroristes.
Nous sommes révoltés quand des associations historiques de défense des droits de l’homme et des syndicats centenaires, se montrent toujours plus prompts à incriminer Israël qu’à dénoncer les fins exterminatrices de ses agresseurs.
Nous sommes terrifiés lorsque, au nom d’un humanisme dévoyé, certains magistrats se montrent complaisants à l’égard d’une représentante du Front populaire de Libération de la Palestine (organisation terroriste qui s’est réjoui de l’attaque du 7 octobre), lui permettant de répandre sur notre sol une dangereuse désinformation.
Nous sommes effondrés quand une partie de nos concitoyens éprouve le besoin de s’invisibiliser par crainte de l’agression, et que la nation française se fragmente.
Nous sommes horrifiés quand nous entendons l’extrême droite tenter de s’arroger le statut de bouclier des citoyens juifs au mépris de l’histoire dont elle est issue.
Nos ennemis n’attendent que cela…
Les terroristes islamistes assoient leur pouvoir de nuisance sur le chaos informationnel qui caractérise notre époque. Nous devons résister à la propagation des mensonges et refuser toujours que soit imposée une vérité frelatée qui n’œuvre pas pour la paix mais, au contraire, pour la cristallisation extrême des antagonismes.
Les citoyens libres de notre pays, épris de leurs droits et libertés, ne peuvent accepter la perspective d’un embrasement des idées et des actes, que plébiscite une minorité.
Nos ennemis, soyons-en certains, n’attendent que cela.