Nazila Golestan, journaliste et porte-parole d’Iran HamAva*
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Les 149 députés présents dans l’hémicycle, le lundi 28 novembre en fin d’après-midi, ont voté d’une seule voix le texte présenté par les élus Renaissance, condamnant avec la plus grande fermeté « la restriction des libertés et des droits des femmes et la répression brutale et généralisée ». Le groupe Renaissance avait appelé ses membres et ses soutiens (groupe Renaissance et apparentés, groupe Démocrates et apparentés et groupe Horizons et apparentés) à se prononcer en sa faveur.
« Il ne peut exister de liberté sans liberté de la femme », a affirmé le député Hadrien Ghomi (Renaissance), lui-même d’ascendance iranienne. Il avait appelé l’Assemblée nationale à « envoyer un message fort » au peuple iranien, par le vote de ce texte présenté par la majorité lors de sa semaine d’initiatives parlementaires.
La ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, a rappelé dans son discours le slogan scandé lors des manifestations en Iran : « Femme, Vie, Liberté ». Elle a rappelé les « milliers d’arrestations d’iraniennes et iraniens, emprisonnés parce qu’ils ont voulu vivre libres » et le chiffre effroyable des « plus de 400 vies fauchées » dû à la brutalité des polices du régime en Iran, depuis le début du mouvement de protestation non violent, à la mi-septembre. « C’est la répression qui s’abat, implacable, disproportionnée », a déclaré la ministre, demandant à nouveau la libération des sept Français détenus en Iran.
Une situation qui « commande d’agir, avec responsabilité », a-t-elle plaidé, en annonçant que des « nouvelles sanctions sont en préparation » pour la prochaine réunion des ministres européens des Affaires étrangères prévue le 12 décembre.
Tsunami de protestations contre un apartheid de genre
La République islamique est face à un tsunami de protestations après la mort d’une jeune femme de vingt-deux ans, Mahsa Amini, trois jours après avoir été arrêtée et tabassée par la police des mœurs à Téhéran, le 16 septembre. Ainsi, le nom de Mahsa est devenu un symbole pour les manifestants dans tout le pays.
La discrimination et l’oppression subies par les femmes durant ces quatre dernières décennies constituent la plus grande discrimination sexuelle à l’égard des femmes dans le monde.
Cela fait plus de quatre décennies que le monde est témoin de la brutalité du régime islamique d’Iran, en totale contradiction avec la Déclaration universelle des droits de l’homme. Ce système politique n’a jamais respecté les différents accords internationaux et a, « au nom de la démocratie », organisé des élections frauduleuses. Il a menacé la région par le biais de ses activités nucléaires. Il est entré dans une guerre psychologique avec l’Occident en rejetant l’ensemble des valeurs universelles. Il a méprisé la dignité humaine et il a réprimé avec violence la population iranienne, et tout ceci dans le but d’instaurer un système idéologique et de rester au pouvoir.
La discrimination et l’oppression subies par les femmes durant ces quatre dernières décennies constituent la plus grande discrimination sexuelle à l’égard des femmes dans le monde. La Constitution de la République islamique a été bâtie sur les fondements de la loi islamique et du patriarcat, à partir de sources telles que le Coran, la charia et les hadiths. Elle part du principe que la femme est « le sexe faible » et que la femme est la propriété de l’homme, ce qui justifie la misogynie du gouvernement.
L’absence de libertés individuelles, sociales, culturelles et politiques dans le pays engendre une terrible pression sur le peuple. Elle crée des tensions dans la région mais aussi avec l’ensemble de la communauté internationale. Tout cela explique le ralliement de toutes les classes sociales au mouvement « Femme, Vie, Liberté » afin de faire face à la théocratie.
Après 65 jours, malgré la répression sanguinaire des bassidji, des milices et les menaces des Gardiens de la révolution, malgré l’arrestation de plus de 16 000 personnes, les citoyens tabassés et assassinés dans tout le pays, le chiffre macabre de 60 enfants tués pendant les manifestations, la colère est toujours plus forte et exprimée au cri de « Femme, Vie, Liberté » et « mort à la dictature ». Les manifestants restent décidés à poursuivre leur contre-révolution qui se revendique des valeurs universelles, au péril de leur vie, jour après jour, contre l’héritage de la révolution obscurantiste islamique de 1979.
Une révolution de toutes les femmes
Devant l’ampleur de ces manifestations pacifiques sauvagement réprimées par le régime iranien, la résolution adoptée le 28 novembre par la représentation nationale française condamne avec la plus grande fermeté la « discrimination à l’égard des femmes » et la « répression brutale et généralisée des forces de sécurité » contre des manifestants non violents par la République islamique d’Iran.
Le texte du 28 novembre, non contraignant, parle de ce mouvement comme d’« une révolution de toutes les femmes iraniennes », victimes d’un régime théocratique qui bafoue leurs droits et libertés jusqu’à leur imposer un code vestimentaire strict. Il affirme son soutien au peuple iranien dans son aspiration à la démocratie et au respect de ses droits et libertés fondamentales.
La République islamique doit faire l’objet de sanctions diplomatiques et se voir expulser de toutes les commissions des Nations unies.
La résolution votée ce jour « invite le gouvernement français » à agir sur le plan diplomatique afin d’exclure l’Iran de la Commission de la condition de la femme de l’Organisation des Nations unies. Elle invite également le gouvernement et l’Union européenne à réitérer leur appel à une enquête indépendante et transparente sur les circonstances de la mort suspecte de Mahsa Jina Amini. Le texte appelle aussi à « un retour au dialogue et à la diplomatie ».
L’association Iran HamAva saisit cette occasion pour exprimer toute sa considération et son estime pour toutes et tous les parlementaires qui, par cet acte fort, ont condamné sans ambiguïté le « caractère discriminatoire, le répression brutale et généralisée à l’égard des manifestants non violents » perpétrés par les forces de sécurités de la République islamique.
… à suivre
Comme nous le savons, la communauté internationale a condamné la discrimination raciale en Afrique du Sud en considérant qu’il s’agissait d’un crime injustifiable. Cette réaction mondiale a permis d’isoler le gouvernement sud-africain et celui-ci, incapable de résister à cet isolement international, a dû mettre fin à son système de discrimination raciale en 1991.
Le régime théocratique en Iran défend un apartheid de genre, qui a systématiquement torturé, violé, exécuté et tué des citoyens iraniens opposées à son règne.
La République islamique doit faire l’objet de sanctions diplomatiques et se voir expulser de toutes les commissions des Nations unies. Ce régime et ses instruments brutaux de terreur et de répression ne représentent pas le peuple iranien.
Il est essentiel que la France, où furent rédigés et proclamés les droits de l’homme et du citoyen, continue d’affirmer sa volonté de changement en République islamique d’Iran et son soutien à une politique de sanctions contre son gouvernement.
(*) HamAva (en français : « Même voix ») est une coalition nationale pour un Iran démocratique et laïque, un rassemblement des acteurs de la vie politique et de la société civile, de prisonniers politiques et d’avocats à l’intérieur du pays, engagé solennellement à accomplir une transition non violente du gouvernement théocratique et kleptocratique instauré en Iran depuis 1979 à un système politique démocratique et laïque basée sur la Charte les droits de l’homme par le peuple, pour le peuple et avec le peuple.
iranhamava.org/fr/
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